Pour tourner le Club Dorothée, en 87, Claude Berda et Jean-Luc Azoulay décident d'investir La Plaine Saint-Denis, au nord de Paris. Sur cette ancienne zone industrielle, de nombreux entrepôts désafectés commencent à devenir des studios de télévision depuis 1985 et l'arrivée des Studios de France. Ils emménagent dans l'entrepôt 233, rue des Gardinoux à Aubervilliers, un hangar "avec des toiles à la place des murs" en guise de décor selon Robert Réa, premier réalisateur de l'émission (1). Cet entrepôt aménagé sera leur premier studio, nommé studio 7. La première émission se fait même dans les gravats comme le dira Michel Klein quelques années plus tard, rien n'est achevé. Pour la réalisation, il n'y a qu'un car-régie "arrivé la veille". Les premiers mois, l'émission est donc produite dans des conditions relativement sommaires. Avec la signature du premier contrat de 3 ans avec TF1 début 88, AB décide d'investir massivement, entre 160 et 200 millions de francs, pour créer ses propres infrastructures : personnels, immobilier, studios, leur aménagement et les moyens techniques (2). Pour Berda, c’est une véritable industrie qui naît, et il "décide d’avoir [ses] propres studios, caméras, régies et collaborateurs" (1). La société AB Télévision est créée.

Les studios AB (qui conserveront le nom de studio 7 dans le Club Dorothée) sont construits quelques centaines de mètres plus loin lors de l'été 1988, au 144 avenue du Président Wilson ou 12 Rue de la Montjoie, et inaugurés début octobre. Il ne vont cesser de se developper pendant les 10 ans qui suivront, avec l'arrivée et la montée en puissance des sitcoms.

Le Club Dorothée investit donc le premier bâtiment qui abrite le vaste plateau 1000 (pour 1000 m2, en effet les noms des plateaux sont issus de leur superficie). Les émissions quotidiennes (décor salon et cuisine, puis le "QG") et les mercredis après-midis se partagent cette surface les premières saisons entre octobre 88 et juin 92, ainsi que les tournages de PPPC. Le Jacky Show a de son côté son propre plateau, le 500, toujours dans le même bâtiment. C'est aussi dans ce local que Dorothée répète son Zenith 88 en novembre de la même année.

Ce même plateau 500 sera ensuite occupé en alternance pour le tournage de la sitcom Salut Les Musclés à partir de 1989.

 

La mise en production de Premiers Baisers à l'automne 91 vient compliquer la tâche d'AB en terme d'espace. Dans un premier temps, la nouvelle sitcom et le Club Dorothée co-habitent sur le plateau 1000, en démontant et remontant les éléments du décor et les gradins du mercredi, la sitcom étant tournée le vendredi et le samedi.

Avec la mise en chantier d'Hélène et les Garçons au printemps 1992, il est temps de tout réorganiser, AB décide donc d'aménager le plateau 900 pour y délocaliser le Club Dorothée du mercredi après-midi et installer les sitcoms de manière perènne sur le plateau 1000. C'est chose faite pour la rentrée 92, les quotidiennes du Club Dorothée et l'émission en direct du mercredi matin sont elles transférées sur le plateau 200 (nommé plus tard 387), qui était à l'origine le local de stockage des éléments de décoration des plateaux.

Le Club Dorothée du mercredi après-midi occupera le plateau 900 jusqu'en juin 96. Le plateau 600, en face du 900, sera le plateau des mercredis après-midis pour sa dernière saison entre septembre et décembre 96.


Ci-dessous le plan des plateaux et une vue du ciel en 2012 de ces mêmes plateaux à La Plaine St Denis. On notera que le plateau 200 est désormais nommé 350.

 


Afin de présenter les émissions au soleil (ou sous la pluie) lors des vacances notamment, sont aménagés à l'extérieur des studios une façade de villa et son jardin. Ce décor extérieur se trouve a proximité du plateau 200, au centre de 3 bâtiments qui composent les studios. Il va évoluer petit à petit entre 1988 et 90, puis une piscine sera construite et la villa se transforma en véritable hacienda. Il y aura même les décors d'une rue (la rue Dorothée), d'un cinéma puis d'un café et d'une supérette notamment pour les sitcoms à partir de 94 donnant à cette cour des allures de backlot américain. En effet, c'est un véritable petit hollywood qui se bâtit années après années.

Au dessus des plateaux 200 et 300 se trouvaient tous les bureaux de production et d'administration d'AB. Enfin, pour l'anecdote, Jean-Luc Azoulay fit même construire une villa sur le toit de ce même bâtiment, avec un vaste jardin où se donnaient généralement les fêtes d'AB. L'extérieur de cette villa est visible au début du générique du Miel et Les Abeilles. Au final, prés de 5000 m2 de plateaux seront utilisés pendant la période faste d'AB (Club Dorothée et sitcoms).

 

 

Actuellement, les studios appatiennent toujours à AB mais sont exploités par la société VCF, prestataire technique de production d'émission de télévision. De nombreux programmes de France Télévisions y sont tournés (jeux, émissions politiques etc...).

 

 


Lors de l'été 2014, c'est la sociète Endemol qui a loué non seulement le plateau 900 pour les primes et la quotidienne mais également la villa sur le toit pour y tourner l'émission de télé-réalité Secret Story.

> voir l'article consacré à cette Maison des Secrets chez AB sur le site Génération Club Do'

 

Côté moyens techniques, les premiers mois de 87- 88, AB fait appel à un prestataire : Pipa Vidéo, qui lui fournira les équipements (caméras, régies etc...). Ensuite pour réaliser et diffuser les émissions, AB achètera donc ses propres équipements et aménagera ses propres régies dans les studios. Chaque studio ayant sa régie et ses loges dédiées. Il faut savoir que peu de studios à la Plaine St Denis, même à notre époque, sont ainsi configurés, généralement il ne s'agit que d'un car-régie qui vient réaliser une émission.

Enfin avec sa propre régie de diffusion, AB peut envoyer le signal elle-même vers TF1 par faisceau hertzien lors des directs, ou même de diffuser depuis la Plaine, des émissions enregistrées. Les régies de tournage des plateaux sont aussi des régies de montage et de post-production lorsqu'elles ne sont pas utilisées pour le direct. La société possèdait aussi des unités de tournage mobiles pour les émissions réalisées dans les pays du monde dans lesquels l'équipe du Club emmenait les jeunes téléspectateurs.

 

Au côté des 5 trublions de l'animation (qui ont des contrats de comédiens), il faut du monde pour réaliser le programme ! Pour les débuts du Club Dorothée, AB ne compte d'une quinzaine de personnes. Mais la politique de Berda est claire, il veut son propre personnel. Il ne va donc cesser d'engager. Dans les années fastes des sitcoms, AB tirait 1500 fiches de payes par mois (1). Pour le Club Dorothée lui même les effectifs se montent à une cinquantaine de personnes en tout (cadreurs, régisseurs, techniciens, monteurs, maquilleurs, coiffeurs, équipe de production etc...). Pour les enregistrements extérieurs les équipes étaient bien plus réduites, généralement une quinzaine de personnes. Le Club Dorothée était le bébé de Jean-Luc Azoulay qui en était l'auteur principal et le producteur éxécutif, tous les textes des animateurs étaient écrits par lui, sous le pseudonyme de Jean-François Porry. Robert Réa, Jacques Samyn, Jean Pierre Spiero, Georges Barrier et bien sûr Pat Le Guen en étaient les réalisateurs principaux.